Des escaliers

Emballé par le fait de parler de Quidditch, Gregory s'était attendu à une autre réponse de la part de Melinda. Finalement, elle n'était pas si fan que ça de ce sport. Mais en y réfléchissant bien, le jeune homme trouvait cela changeant. C'est vrai, un tas de sorciers suivait l'actualité du Quidditch et ça en est devenu totalement banal ! C'est une culture mondiale que le sorcier à érigé au centre de ses intérêts, enfin la plupart du temps, et d'ailleurs Gregory faisait parti de cette masse informe de gens qui hurlait en dressant un drapeau de son équipe préférée. Sur le moment il était fier, mais en y repensant, c'était parfois idiot... Il avait donc évité de faire une remarque à la fille de Serdaigle qui visiblement s'intéressait à autre chose. Il avait simplement répondu, le plus modestement du monde, qu'il avait vu deux match internationaux dans toute sa vie. Quand il était petit, très petit même il avait assisté à la rencontre entre l'Angleterre et l'Italie car le match avait lieu dans le pays et donc ça avait été une opportunité pour ses parents. Et il y quatre ans, son père lui avait offert un voyage en famille avec pour finalité la vue du match opposant l'Ecosse à l’Irlande. C'est vrai, tout ça lui laissait des paillettes plein les yeux. Il avait adoré cela et c'est sans doute ce qui l'avait poussé à entrer dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Cependant il ne parla pas de cet épisode à Melinda.

Tout deux marchèrent plus silencieusement dans les escaliers mouvants, en direction du quatrième étage. Soudain, Gregory eu une idée. Il se souvenait d'avoir subit les caprices des escaliers de pierre au début du mois et il ne voulait pas que cela se reproduise. Il se tourna alors vers Melinda, alors qu'ils montaient les marches.

-Et si on prenait un raccourcis un peu plus sûr que ces escaliers qui bougent ?Y a un escalier fixe dans le couloir du troisième étage...

En réfléchissant à ce qu'il venait de dire, Gregory se demandait si Melinda connaissait cette espèce de raccourcis. Certainement oui. Alors n'allait-elle pas le prendre pour un prétentieux. Tant pis... C'était dis. Il était à mi-chemin de l'escalier qui menait au palier du troisième étage maintenant. Il n'attendait qu'une approbation ou négation de sa part.

Bulotte

Elle acceptait, très bien. Il n'avaient qu'à traverser un tout petit couloir et au bout, d'ailleurs Gregory l'avait dans son champ de vision, il y avait ce petit escalier d'une quinzaine de marches. Un élève s'y était assis pour lire ce qui ressemblait de loin à la Gazette dont la page une était campée par la photographie mobile des quatre responsables du casse de Gringotts, les mains ligotées. C'était comme tombé à pique au moment où Melinda réitérait sa question sur sa créature. Il se rappelait qu'un bon nombre de sorciers détestaient les créatures magiques, quelques soient. Il imaginait que sa camarade de Serdaigle n'ait aucun problème contre elles vu sa façon de poser la question, mais il restait méfiant quand même, enfin un petit peu.

-Oui, j'en ai une. C'est un mâle et s'appelle Carl.

Gregory atteint en premier l'escalier. Il avait lâché le journal magique des yeux, il avait plutôt le regard rivé sur les marches qu'il s’apprêtait à grimper. Il préférait retourner la question avant d'en dire davantage. C'était une manière de se protéger d'une certaine façon. Fallait le comprendre, dans ce contexte, avoir un Chartier, ce n'était pas bien vu par tous.

-Toi, tu possèdes un animal, ou une créature peut-être ?

Il leva les yeux vers elle pour recevoir sa première réaction avant qu'elle lui réponde tout en continuant de mener la marche.

Bulotte

Gregory sourit à la réponse de Melinda. Il comprenait qu'elle n'ai pas de créature, du moins il pouvait comprendre. En fait ses propres parents avaient toujours refusé d'avoir un animal sans pouvoir à la maison. Ce qu'ils avaient dit à Gregory quand il leur avait demandé un chat c'est qu'ils ne pouvaient pas supporter de devoir observer un être aussi peu intéressant. Un chat c'est vrai que ça dort beaucoup... A 6 ans le garçon avait été vexé mais il s'en était remis. Peut-être que les parents de Melinda n'avaient jamais voulu d'une créature magique. Ca pouvait être effrayant pour eux.

-J'aime beaucoup les chats. Je n'ai jamais vu de vrai chat siamois mais j'en ai vu en photo dans les magasines des animaleries et c'est incroyablement... beau. Spécial même. En tout cas c'est plutôt bien trouvé comme nom Ceres.

Le changement de ton de Melinda le sorti de sa légère rêverie. Alors qu'il pensait à un chat, elle le rappelait à la réalité. Elle avait certainement vu la une du journal que tenait le gamin. Une fois en haut des marches, il se tourna vers elle les mains serrées. Il aurait voulu hurler son mécontentement tellement sa colère venait de remonter d'un seul coup, car elle avait touché un point sensible. Mais il se tue et se contrôlla. Qu'est-ce qu'elle devait penser de lui maintenant... Il soupira en tournant la tête du côté du mur pour qu'elle ne l'entende pas. Elle lui adressa tout de même la parole pendant qu'ils commençaient à arpenter le quatrième étage en direction de la bibliothèque.

- C'est un... il était parti pour lui répondre d'un seul coup et c'est comme si sa voix était morte dans sa gorge. Il se ressaisit et reprit. C'est un chartier.

Gregory ne préféra pas en rajouter. Il ignorait si elle connaissait ces créatures là. Si elle lui posait davantage de questions, il lui expliquerait sûrement.

Bulotte

Cet après-midi, Gregory était bien décidé à écrire à ses parents. Avec tout ce qui se passait autour de lui au château, ce qui semblait lui tomber dessus comme pour l'affaiblir, il avait eu envie d'un bol d'air frai. Peut-être que sa famille aurait de son côté une bonne nouvelle à lui annoncer. Il se demandait comment allait sa petite soeur. Si la magie avait commencé à pointer le bout de son nez chez elle, ou pas encore.

Mais pour se rendre à la volière, le brun avait choisi d'emprunter les passages les plus discrets, qui étaient aussi les plus longs. Le temps ne lui était pas compté. Le week end s'était un jour de repos, et Gregory avait cette habitude ancrée d'utiliser les passages étroits comme ces petits escaliers cachés depuis qu'il avait commencé les rondes de Préfet. C'étaient dans ces endroits qu'il débusquait le plus d'élèves dérogeant au réglement du couvre-feu. Sauf que cette fois-là, en descendant les marches, au lieu de tomber sur un élève en faute, il cru reconnaitre de dos la chevelure de quelqu'un de familié. Certes ses cheveux étaient tout emmêlés et on aurait dit que l'élève avait subit un sort. Mais était-ce bien...

- Gwen ?

Gregory descendit les dernières marches qui le séparait d'elle pour la dépasser et se retourner face à elle. C'était bien Gwendoline, et elle était couverture de terre et d'herbe. Les yeux exorbités d'interrogation, il reprit la parole. Comme d'habitude, il pensait toujours au pire.

- Quelqu'un t'a fait ça ?! Si c'est le cas dénonce-le maintenant que je puisses l'attraper !

L'air dépité de Gwendoline refroidit néanmoins ses ardeurs. Il se rappela ensuite que Gwendoline lui avait assurer savoir se défendre toute seule. Alors si personne ne l'avait attaquée... elle était sûrement tombée, encore une fois.

Bulotte

Mignon, ce n'est pas le mot qu'il aurait employé vu comment il se s'était senti inquiet en voyant l'état dans lequel se trouvait son amie. Disons que Gregory avait toujours tendance à s'occuper des autres, de leurs affaires, à la fois par curiosité et par générosité. En l'observant il se rendit bien compte que Gwendoline n'avait pas l'air dans son assiette. Et en même temps après une chute dans un buisson, ça aurait été difficile d'être en forme. Gregory grimaça en comprenant que sa camarade s'était blessée au point de vouloir rejoindre l'infirmerie. Il était désespéré de se rendre compte que perosnne n'avait été capable de l'aider pour l'emmener se faire soigner.

- C'est pas croyable ça...

Il avait plus dit cela pour lui-même que pour Gwendoline. Le chacun pour soi, il était pour, mais seulement dans le sport et dans la compétition, quelle qu'elle soit.

- Je vais t'aider moi, il reste encore un escalier à monter et quelques couloirs à parcourir. Ce sera plus facile si je t'aide marcher.

Gregory lui tendit une main ferme sur laquelle Gwendoline pouvait compter pour forcer dessus et se relever sans peine. Il allait la faire grimper ces marches coute que coute.

Bulotte

En voyant Gwendoline se hisser difficilement sur ses jambes il avait eu envie de lui prendre son sac qui avait l'air lourd. Il aurait ainsi pu la soulager d'un poids pour grimper. Mais quelque chose lui disait que c'était trop. C'est vrai, parfois il voulait en faire trop, se rendre trop utile, si c'était possible toute fois.

Arrivé en haut des marches, Gregory continuait de tenir Gwendoline. Il avait passé son bras sous celui de sa camarade et entourait son dos.

- Je t'en prie c'est normal. Quant à Miss Quigley, elle saura indéniablement quoi faire.

Il sourit d'un air rassurant. Gregory avait eu la chance de rencontrer seul à seul la sorcière qui assurait les soins à l'infirmerie et également les cours de Soins aux Créatures Magiques, et avait pu constater que cette femme était douée, mais surtout passionnée. En repensant à cet épisode, Gregory aidait Gwendoline à avancer dans le couloir. Les quelques regards qui fondaient sur eux ne lui plaisait pas vraiment mais il préférait se taire et continuer ses efforts.

- Moi ? Ohw.. j'allais à la volière.

Instinctivement, Gregory glissa sa main libre dans sa poche gauche pour s'assurer que son enveloppe y était toujours. C'était le cas.

- Mais ça attendra.

Bulotte

- Oui, tu as tout juste.

Gregory était concentré sur la marche qu'il leur restait à faire. A vue de nez comme ça, il pensait devoir tirer Gwendoline sur encore quarante bons mètres. Il espérait que Miss Quigley soit bien présente, sinon son amie devrait attendre. Mais alors que son esprit se mit à divaguer, il repensa à l'espèce de petit gémissement que la Gryffondor avait fait pour lui répondre à propos de la volière. Il eut une idée, et tourna la tête vers elle pour lui parler.

- Hey mais j'y pense... Si tu as besoin d'aide pour.. enfin tu sais écrire à ta famille ou n'importe qui d'autre, je peux être ton intermédiaire.

D'un côté ce serait bénéfique pour Gwendoline qui ne devait certainement jamais mettre les pieds dans la volière à cause de sa phobie, et d'un autre côté cela forcerait Gregory a écrire davantage à sa propre famille qu'il avait tendance à délaisser ces derniers temps. Ce serait un bon compromis.

- Rassure-toi, je ne serai que le messager. Même si je suis curieux, je ne lirai pas les lettres que tu me donneras.

Il avait autant dit cela pour détendre l'atmosphère que pour se convaincre lui-même de sa capacité à résister à une telle tentation de curiosité.

Bulotte

Désormais, de là où ils étaient, Gregory et Gwendoline pouvaient voir se dessiner la grande porte de l'infirmerie. D'ici on aurait dit qu'elle était entre-ouverte, ce qui était plutôt bon signe. Le silence de son amie en revanche l'était moins.

- Enfin tu sais, c'était une proposition comme une autre...

Alors que le jeune homme y donnait de ses forces pour aider son amie à parcourir les derniers mètres qui les séparaient de Miss Quigley, il senti une lourdeur dans son épaule comme si Gwendoline s'était un peu relâchée. Puis il cru entendre un reniflement ou quelque chose qui s'y apparente. Et alors qu'il se disait que c'était certainement son imagination, la brune le stoppa net. Gregory tourna alors la tête vers elle d'un air interrogateur. Mais le visage de Gwendoline ne trompait pas. Elle avait l'air affectée...

- Je... J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

Gregory redouta un instant d'avoir à nouveau vexé la brune du fait d'avoir abordé une fois de plus le sujet de sa phobie. Il se sentit tout à fait idiot à ce moment d'avoir renchérit là-dessus, d'autant plus que ce n'était pas le sujet ! Le sujet c'était cette fichue blessure.

- Excuse-moi Gwen. Ce que je peux être maladroit...

Il soupira brièvement en replaçant son bras sous celui de son amie pour continuer de la soutenir sur ses jambes fléchis.

Bulotte

Gregory se tourna davantage vers Gwendoline de sorte à presque se retrouver face à elle. Ainsi il l'écoutait attentivement n'étant pas certain de tout saisir. Sa camarade avait l'air boulversée, atristée mais en même temps assez contente. C'était difficile de discerner exactement ce qu'elle pouvait ressentir et les mots qu'elle employait ne l'aidait pas réellement en fin de compte. Il allait lui fire de se calmer qu'elle avait tout le temps pour parler mais la brune s'arrêta de parler pour simplement le remercier. Il n'eut pour seul réflexe un sourire amical adressé à Gwendoline. Il espérait être rassurant ainsi.

- Je dis pas ça dans le vent je t'assure. Je veux bien faire le coursier de temps en temps.

Il hôcha la tête comme pour appuyer ses mots. Lorsque son amie lui indiqua que la route n'était plus très longue, il se positionna à nouveau de sorte à reprendre ses appuis. Il resserra fermemant son emprise dans le dos de la brune avant de repartir et de l'entrainer avec lui.

- Allon-sy, faut qu'on te soigne cette vilaine blessure. Autrement tu serais embêtée de ne plus pouvoir chausser tes.. chaussures roulantes.

Encore une fois il avait oublié le nom que les moldus attribuait à ces objet ingénieux mais ça ne faisait rien. Il finirait bien par s'en rappeler un jour.

Bulotte

Le rire de Gwendoline rassura Gregory. Elle avait quelque peu oublié sa blessure et au lieu de verser une larme elle souriait à présent. A vrai dire, le garçon en était même soulagé. Jouer les consoleur n'était pas son fort, même s'il aurait fait de son mieux pour remettre son amie sur pied.

- Patins à roulette, oui, je tâcherai de m'ne souvenir cette fois.

Il n'était pas sûr de pouvoir s'y tenir, après tout ce genre d'information sortait de sa tête aussi vite qu'elle y entrait. A l'évocation d'Amy, Gregory senti son sourire retomber. Néanmoins la façon dont son visage était tourné vers la porte de l'infirmerie qui était enfin près d'eux ne permettait pas à sa camarade de disserner sa gêne. Il était surpris d'apprendre qu'une réelle complicité soit née entre Gwedoline, Alice et Amy, mais il était encore plus préoccupé par cette fille de Serdaigle en particulier. Il ne voulait cependant pas en parler maintenant, alors il préféra ignorer l'invitaiton de la Gryffondor qui se redressait. Il la lâcha pour la laisser s'appuyer le mur dans la porte qu'il avait ouverte pour elle. Il afficha un bref sourire avant de lui répondre.

- Je t'en prie Gwen, c'est normal. J'y vais du coup... Remets-toi bien !

Tout en terminant sa phrase il faisait quelque pas en arrière, la main levée en signe d'au-revoir. Puis il fit volte face pour regagner le petit escalier qu'il descendrait pour la seconde fois aujourd'hui. La lettre pour ses parents ne pouvait plus attendre, cela faisait un moment qu'il ne leur avait pas écrit.

Bulotte