Terrasse en plein soleil, Trois balais, 21 Septembre 2025 - 14h30

- Une bièraubeurre ? Je croyais que tu voulais une boisson chaude. Bon... va pour une bièraubeurre hein.

"Juste un verre", la fin de phrase interpella Gregory comme une énigme. Ce serait un verre oui, et ensuite chacun repartirait continuer ses propres occupations. Enfin, un verre, une discussion, tout ça peut vite entraîner un second verre. Gregory avait suffisamment d'argent de poche pour offrir à une fille une session de boisson.
Il hocha la tête pour acquiescer et reprit la route vers la porte des Trois Balais. Le bar n'était plus qu'à dix mètres, sur leur gauche et Gregory voyait déjà la pancarte. Il imaginait déjà le brouhaha qui devait régner à l'intérieur alors que la terrasse dehors semblait vide, ou presque. Puisque le temps était clément, malgré la légère fraicheur, le brun eut une idée qui ne plairait peut-être pas, tant pis.

- Ca te va si on reste tranquillement à l'extérieure sur cette table-là ? Le soleil donne pile poil dessus à cette heure-ci, je penses qu'on aura pas froid. Et puis... si tu veux j'irais nous commander les boissons.

Tout en parlant il avait continuer à avancer jusqu'à s'arrêter devant une petite table pour deux entourée de deux chaises solidement enfoncées dans le sol. Là, il s'appuya sur le dossier de l'une d'elle et adressa un regard interrogateur à Gwendoline.

Bulotte

Puisque Gwendoline s'asseyait, c'est qu'elle était d'accord avec la proposition de Gregory. Après tout, il fallait en profiter ! Bientôt la température deviendrait presqu'insuportable et alors les élèves diraient adieux aux terrasses des bars, des café et autres vendeurs de nourriture. Le motif que lui donna sa camarade était aussi une autre bonne raison, même si il ne serait jamais venu à l'esprit de Gregory de garder de telles chaussures aux pieds aussi longtemps qu'elle le faisait.

- A vraiment ? Je n'ai jamais goûté ça réchauffé... Tu m'apprends quelque chose.

C'était vrai, il n'avait jamais ni bu ni vu quelqu'un boire une bièreaubeurre chaude. Mais pourquoi pas après tout ! Le chocolat aussi se buvait chaud ou froid. A son tour, il s'installa sur la seule chaise libre qui lui restait donc. Il lui sembla alors que le siège était drôlement tiède. Il songea qu'un enchantement était peut-être à l'origine de cela, comme si la patronne avait voulu que ses clients ne se gèlent pas les miches à l'extérieur. C'était bien gentil de sa part. La remarque de Gwendoline le sorti de sa pensé et le fit légèrement rire.

- C'est très aimable, mais tu n'avais pas besoin de me donner l'autorisation pour t'offrir une boisson, ça se fait entre connaissances.

Il hocha la tête un petit sourire s'étirant au coin des lèvres. Il glissa une main dans la poche de sa cape pour y attraper une poignée de pièces qu'il déposa sur la table pour compter. Il était à peu près certains de savoir combien lui coûterait une bièraubeurre. Il lança un regard à Gwendoline avant de se relever.

- Bon, je compte sur toi pour garder ma place ? Si jamais tu la refourgue à quelqu'un d'autre tu peux dire adieux à ta bièraubeurre.

Lui dit-il en lui lançant un regard faussement menaçant. Puis il disparu presqu'immédiatement de la terrasse et entra dans le bar où l'ambiance était assez festive. Le monde grouillait et le bruit était omniprésent. C'était bien différent de la discussion qui l'attendait dehors. Il alla tout de suite au comptoir pour commander les deux boissons chaudes, enfin dès que ce serait à son tour bien sûr.

Bulotte

Au bout de deux minutes, le sorcier joyeux qui venait de passer commande fut servit et laissa sa place à Gregory qui s'avança d'un pas pour se retrouver collé contre le comptoir. Il posa machinalement son coude sur le bar et regarda la serveuse qui n'était autre que sa professeur de Potion. Peut-être qu'Edelweiss ne travaillait pas aujourd'hui, ou bien elle était occupée ailleurs, et c'était fort possible vu le monde qui était là ! Il lança un sourire à Miss Blake tout en la saluant d'un "Bonjour". Elle n'avait pas l'air d'une professeur mais elle était tout aussi naturelle qu'en classe.

- Je vous prendrai deux bièraubeurre chaudes s'il vous plait.

Aussitôt, pour faire gagner du temps à tout le monde, Gregory posa ses pièces sur le comptoir, l'équivalent de 16 Mornilles. Il lui aurait bien laissé un Gallions mais elle aurait dû lui rendre la monnaie et les autres clients qui attendaient derrière auraient dû attendre davantage. Là il y avait le compte, enfin du moins d'après ses souvenirs.

Bulotte

L'accueil bien heureux de Miss Blake faisait plaisir à voir. Au lieu de se sentir surmenée par le travail qui l'attendait encore, elle gardait la pêche et semblait même s'en satisfaire. Les pintes de bièraubeurre furent très rapidement prêtes, mais ça les sorciers en avait plutôt l'habitude. La magie était un gain de temps que les moldus ne pouvaient pas s'offrir sans argent. Lorsque son enseignante de potion le rejoignit de l'autre côté du bar, il la remercia d'un signe de tête de vouloir les servir directement en terrasse au lieu de laisser Gregory rapporter les boissons lui-même. La mention d'Edelweiss le fit sourire davantage.

- Ah, justement, je me demandais si la demoiselle travaillais ici aujourd'hui. J'imagine qu'avec tout ce monde elle était occupée ailleurs...

Il haussa les épaules. A vrai dire il espérait que la Poufsouffle ne reçoit aucune remontrance de la part de sa patronne. En ressortant du bar, le silence de l'extérieur lui apaisa soudain les oreilles à tel point qu'il aurait bien soupiré. Au lieu de cela il remercia gentiment Miss Blake avant même d'accorder un regard à Gwendoline qui visiblement avait bien gardé sa place sur la terrasse. Quand Miss Blake eut disparu, Gregory se laissa tomber sur sa chaise et regarda sa camarade. Elle avait quelque chose d'en le regard qui ne disait rien de bon.

- Qu'est-ce qui t'arrive. J'ai été trop long ? C'est pour ça que tu as l'air si... énervée ?

Il était quelque peu surpris de la voir dans cet état. Il imaginait bien qu'il y avait une autre raison derrière sa colère.

Bulotte

Gregory décelait une fausse note dans la réponse vague de Gwendoline. Elle avait l'air préoccupée par quelque chose d'extérieur et le jeune homme commençait à se demander ce qu'il avait bien pu se passer pendant qu'il s'était absenté. Avait-elle réalisé qu''elle ne voulait pas du tout être là, assise à cette table avec un Préfet aussi droit qu'un manche de Nimbus 2001 ? Vu comme elle se jetait sur sa bièraubeurre comme pour vite la terminer, c'était probable. Ou bien... il s'était passé quelque chose dehors qui l'avait effrayé. Oui on aurait dit qu'elle était apeurée. Gregory ne voulu pas de suite le lui faire remarquer, il préféra boire une gorgée lui aussi pour voir si la situation s'apaiserait de nouveau.

Au bout d'une minute à observer discrètement les tics de sa camarade, le brun se rendit compte qu'elle se méfiait de quelque chose. Elle venait de regarder sur le côté comme si quelque chose qui s'y trouvait l'embêtait. Effectivement, il y avait un brouhaha de jeune filles, certainement des premières ou deuxièmes années, qui s'élevait à une centaine de mètres de là. Peut-être était-elle agacée par le bruit. C'est ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'il distingue l'inquiétude dans les yeux de Gwendoline. Il posa alors sa pinte sur la table, essuya ses lèvres d'un revers de manche et prit la parole.

- Tu me le dirai si quelque chose t'efrayait ? Parce que si c'est le cas, on peut rentrer à l'intérieur du pub. Je suis sûr qu'on trouvera une petite place entre deux gobelins et un groupe d'élève.

Il n'était pas sûr que ce soit le moment de plaisanter mais il aimait ajouter cette touche légère à sa question pour que Gwendoline se confit plus facilement. Il savait comment jouer avec ses mots pour faire parler. Ensuite, ses oreilles faisaient le reste.

Bulotte

Mais à quoi il s'attendait ? A ce que cet espèce de charme qu'il avait en parlant opérerait sur n'importe qui ? Gwendoline n'était pas de la trempe de celle qui se livrait si facilement. Ou bien c'était uniquement parce qu'elle était vraiment très effrayée par cette chose qu'il ne saisissait pas ?
Un hululement de hibou se fit entendre, c'était l'animal à propos du quel les jeunes filles discutaient depuis maintenant au moins cinq bonnes minutes. Et là, il n'était pas difficile de faire le rapprochement. La brune s'était tout de suite senti mal en entendant ce cris. C'était donc ce hiboux qui l'effrayait ? Ou bien il n'avait rien compris. Ça lui paraissait étrange qu'une fille comme elle ait peur d'un oiseau. Il se demanda même comment elle faisait pour correspondre par courrier si elle ne supportait pas les hiboux. Puis la réponse de Gwendoline à sa question se fit entendre. Elle était dure, plutôt sèche comparé à tout ce qu'elle avait pu lui dire depuis qu'ils se connaissait. Décidément, elle était toute chamboulée. Il savait qu'elle n'était pas dans son état normal et pourtant... ce qu'elle venait de lui dire l'irrita. Il répondit du tac au tac.


- C'est vrai, on est pas ami. Je ne te demande pas de m'avouer tous tes secrets dès notre deuxième ou troisième rencontre, avait-il dit d'un ton presqu'aussi sec que celui de Gwendoline. Il inspira profondément, le visage déformé par une légère grimace.Mais... si c'est vraiment ce hibou qui te fait peur alors laisse-moi au moins te rassurer.

Il n'attendait aucune réponse de Gwendoline. Il lui laissait juste le temps d'assimiler ce qu'il lui proposait. Il voulait qu'elle réfléchisse.

- Je t'assure que cet oiseau ne va pas te manger, t'attaquer, ou quoique ce soit d'autre. Je n'ai jamais vu un hiboux être véritablement malveillant avec un sorcier. Alors à moins que tu soit une moldue et que tu m'aies caché ça...

Il avait tourné sa dernière phrase sur un ton ironique. Mais finalement, intérieurement, une réflexion se mit en route. Et si Gwendoline avait vraiment été une moldue ? Il se demandait si il aurait été tout aussi capable de créer une relation amicale avec elle, ou du moins de la même manière. Il avait toujours cette façon étrange de se questionner à propos des moldus.

Bulotte

La toute petite réponse ratatinée de Gwendoline interpella Gregory. Elle était définitivement terrorisée par les hiboux et il pensait soudainement que ça devait être lié à un traumatisme passé, quelque chose qui lui serait arrivé et qui l'aurait particulièrement marqué. En tout cas c'est ce à quoi ça ressemblait. Il en était désolé, notamment parce qu'il ne pouvait rien faire de plus qu'attendre que les jeunes sorcières partent et emmènent le hibou avec elles. Il se pencha sur la table en attrapant sa bièreaubeurre de ses deux mains pour éviter de la renverser. Ainsi il était plus proche de la brune qui se mordait la lèvre d'inquiétude.

- D'accord... Alors si c'est une sorte de phobie, évidemment je ne peux pas faire grand chose pour t'aider mais tu peux te contenter de ne regarder que moi au lieu de te soucier de l'animal.

Il le regardait d'un air de dire "Qu'est-ce que tu en penses ?". Il fit la moue lorsqu'un détail lui parvint à l'esprit.

- Je sais que je ne suis pas le plus beau Gryffondor de Poudlard mais je suis certainement moins laid qu'un hibou tout gris et tout plein de plume.

Il espérait vraiment que Gwendoline pense à autre chose et que l'ambiance de joyeuse revienne à leur table. Il appuya fort les paumes de ses mains sur sa pinte encore chaude.

Bulotte

Le sourire de la brune en disait long sur ce qui se passait dans sa tête : Gregory avait réussi son coup, du moins pour le moment. Elle osa même reprendre la parole et voilà qu'elle était repartie pour blaguer. On ne pouvait décidément pas l'arrêter. Cette fois le jeune homme senti un soupçon de sincérité dans son compliment masqué et faut dire que ça le touchait quelque part. Pourtant il ne releva pas son intervention. Surtout que Gregory n'était pas quelqu'un qui avait l'habitude de se rabaisser. C'était un garçon assez fier et surtout sûr de lui. Simplement il savait reconnaître les différence de sociabilité entre lui et les autres garçons de son âge qui couraient derrière les filles la moitié du temps.

Pendant que toutes les jeunes sorcières s'éloignaient et leur brouhaha avec, Gregory avala la fin de sa biéraubeurre non sans se brûler légèrement le palais. Il plissa les yeux, mais il en avait l'habitude. Son palais devait être fragile pour réagir ainsi à tout aliment et liquide chaud. Tant pis il ressentirait ce picotement pendant une heure ou deux et ça passerait. Gregory secoua lentement la tête de gauche à droite pour répondre à Gwendoline.

- Ca va, je te pardonne ton écart de conduite, personne n'est parfait.

Il avait répondu en souriant. Il souriait pour deux raisons : d'abord parce qu'il n'était pas du tout fâchée contre sa camarade et loin de là ! Après tout, elle avait eu peur, et ne connaissant pas Gregory, la honte avait dû prendre le dessus. Mais il souriait aussi parce qu'il venait de connaitre l'un des secrets les mieux gardés de Gwendoline. "Personne ne sait", sauf lui maintenant.

- Je ne dirais rien, si c'est ça qui t'inquiète. Aller, ne fais pas cette tête !

Gregory toucha la cheville de Gwendoline de son pied pour la stimuler. Puis il se leva de sa chaise en repoussant son verre vide vers le milieu de la table. Il espérait que maintenant Gwendoline pourrait se lever. Mais il songeait surtout à l'heure. Après tout il n'avait pas encore effectué ses courses ! Il sorti donc sa montre à gousset de la poche intérieure de sa cape. Elle indiquait 15h00.

Bulotte

A peine il avait relevé la tête pour s'exclamer et dire qu'il était temps de se quitter que Gwendoline l'avait rejoins en un coup de roller. Elle était tout près maintenant et elle n'avait plus du tout peur. Il lui sourit pour son audace. Avec ses chaussures roulante elle était aussi grande que lui, voire plus grande même si l'on était précis. Il pouvait facilement plonger ses yeux dans les siens.

- Je ne t'abandonne pas, c'est juste que j'avais prévu des choses, et toi aussi j'imagine... mais on se reverra très vite, j'en suis sûr. Et pour ce qui est des bonbons...

Il se tue un instant et afficha un sourire au coin de ses lèvres.

- Tu as de la chance que je ne sois pas fan des sucreries sinon je les aurai probablement gardé en échange de la façon dont tu m'as traité.

Il se mit à rire gentiment et plongea sa main dans sa grande poche pour en sortir toutes les friandises de chez Honeyducks que Gwendoline avait acheté auparavant. Il les tendit à sa camarade d'un geste franc.

Bulotte

Gentiment, presque docilement, elle rangeait ses bonbons et lui se contentait de la regarder faire comme si il s'attendait à ce qu'elle les jette par terre ou bien à ce qu'elle les lui redonne. Il avait le sentiment que Gwendoline était quelqu'un de très imprévisible. D'ailleurs elle relança le sujet, ou plutôt répondit au fait que Gregory relançait le sujet de la discussion antérieure. Il allait lui signaler qu'il plaisantait, que bien sûr il ne lui en tenait pas rigueur, lorsque la brune lui sauta dessus en entourant son de ses mains pour lui laisser un bon gros bisous sur la joue. Il laissa échapper une sorte de gémissement de surprise assez rauque sans se débattre pour autant. Dans le mouvement il avait presque perdu l'équilibre et s'était maladroitement retenu à la chaise sur laquelle il était assis une minute plus tôt. Et voilà qu'elle était revenue à sa place. Lui sentait malgré lui ses joue chauffer légèrement, et il espérait que ça ne soit pas visible.

- Wohaw ! Binh dis-donc, t'es pas du genre prévenante toi.

Il avait parlé les yeux écarquillés par la surprise. Puis il se mit à rire en réalisant petit à petit que Gwendoline avait certainement voulu lui dire en l'embrassant ainsi qu'elle l'appréciait beaucoup. C'était réciproque en tout cas. Et si on lui avait dit l'autre jour, devant le portrait de la Grosse Dame que tout les deux deviendraient amis et qu'il recevrait un bisou de sa part sur sa joue même pas un mois après... il ne l'aurait jamais cru.

- Binh écoute... , bégaya-t-il un peu intimidé par la situation. Il passa une main hésitante derrière sa tête, dans ses cheveux et reprit Je te dis à bientôt, hein ? Et puis si tu pouvais éviter de tomber à nouveau avec ces maudites chaussures. Je voudrais pas que notre prochaine rencontre se fasse à l'infirmerie de l'école.

Il s'autorisa à rire un peu, même si dans un pareil cas, il ne rirait pas.

Bulotte

Gregory adressa un signe de la main tout aussi joyeux et vif à Gwendoline qui s'enfuyait déjà sur ses rollers en direction de la place, certainement pour rouler et rouler encore, malgré la chute précédente. Le brun souriait bêtement. Il reposa son regard sur les deux pinte de biéraubeurre vides. Ils les auraient bien rapportées dans le bar mais le temps lui était compté. Bientôt il serait contraint de rentrer à Poudlard mais il devait absolument faire ses achats avant de rentrer !

Il quitta donc la terrasse des Trois Balais en pressant le pas. Il se dirrigea vers les boutiques un peu loin et particulièrement vers Sribenpenne, l'endroit qu'il avait choisi.

Bulotte