La gargouille du bureau du directeur

Après la journée pour le moins mouvementée qu'avait eu Gregory la veille, du fait des problèmes de santé de son Chartier, il avait pris connaissance d'une mission que le Directeur en personne lui avait confié. Sur le tableau d'affichage dans la Salle Commune, il avait lu que son tour de garde en soirée allait avoir lieu. C'est pourquoi, montre en main, il avait regagné le premier étage à 21h50 pour commencer à fouiller les couloirs à la recherches d'élèves mal intentionnés. Bien sûr, à cette heure-ci, la plupart des élèves avait terminé de manger et se devaient normalement de regagner leur sanctuaire respectif. Le premier étage était donc désert et il ne mit pas longtemps à le parcourir.

Aussitôt fait, il grimpa les marches des escaliers mouvants qui, fort heureusement, étaient au repos maintenant, pour atteindre le deuxième étage cette fois-ci. Là, il arrivait que des élèves soient à la traînent et vagabondent dans ces couloirs, notamment des jeunes filles qui sortaient à peine des toilettes. Ces toilettes, Gregory n'y avait jamais mis les pieds, et pourtant il préférait éviter de passer devant quand il le pouvait. En fait, il avait déjà entendu les pleurs larmoyant et les cris stridents de Mimi-Geignarde. Ca lui fichait toujours la trouille. Il en avait même encore plus peur depuis qu'il connaissait toute son histoire et la façon dont elle était morte. C'est l'un de ses camarades qui lui avait raconté cela, en quatrième année. En y repensant, son dos fut parcouru d'un frisson glacial qui fit perler une goûte de sueur froide sur son front.

Il se ressaisit en se redressant. Là, il emprunta le couloir de droite qui menait au bureau du Directeur de Poudlard. Au loin, il apercevait déjà la grande gargouille imposante qui masquait l'entrée de ce bureau mystérieux. Les mains derrière le dos, il avançait plus sereinement, le regard néanmoins incisif. Au moment de tourner à l'angle du couloir au niveau de la gargouille sculptée, il aperçu quelqu'un, sans doute sa proie du soir. Il fléchit alors les genoux, près à courir, mais la personne ne semblait pas l'avoir entendu. Il s'agissait d'une fille, elle était de dos. Ses long cheveux roux lui tombaient dans le dos et elle marchait tout à fait paisiblement, enfin d’apparence. Gregory n'aurait sû dire s'il s'agissait d'une jeune sorcière débutante ou non, vu sa taille. En tout cas, elle était à Poufsouffle, ses vêtement en témoignaient.

- Hey, excuse-moi. Je peux savoir ce que tu fais dans les couloirs à cette heure-ci, mademoiselle ?

Demande Gregory gentiment mais tout de même assez fermement. Il espérait ne pas la faire fuir. Pour cela, il s'approchait toujours, à petit pas feutré. Elle allait bientôt se retourner pour lui faire face, et il saurait à qui il aurait à faire.

Avant même qu'elle ne lui réponde Gregory se mit à sourire. Elle s'était retourné et il l'avait tout de suite reconnu. Evidemment, comment avait-il pu ne pas penser à elle plus tôt. C'est vrai qu'il y avait un grand nombre de roux dans l'Ecole, mais c'était rare que les élèves traînent dans les couloirs à cette heure-ci et il aurait dû se douter qu'il s'agissait d'Eldeweiss. Maintenant il se souvenait que la lettre qui lui annonçait sa nomination en tant que Préfet-en-Chef lui avait également donné le nom de son homologue féminin de dix-sept ans. Il avait été ravi de découvrir qu'il s'agissait de cette charmante Poufsouffle qu'il côtoyait déjà depuis deux ans maintenant. En effet ils avaient tout deux été nommé Préfêt en cinquième et sixième année et avait appris à se connaître avec joie.

Gregory rejoignit sa collègue, toujours un sourire aux lèvres. En fait la réplique amusante qu'elle lui avait lancé lui rappelait son humour débordant dont il était plutôt partisan. Les filles drôles étaient souvent le genre de fille avec qui il devenait ami. C'est comme ça que ça avait dû fonctionner entre eux deux.

- Alors cheveux de cuivre, comment tu vas, malgré la peur que je t'ai faite ? Pas trop fatiguée de tes vacances ?

Il avait demandé cela une fois qu'il avait avancé assez près de la jeune femme pour lui parler sans réveiller les tableaux accrochés dans ce couloir. Effectivement, déjà à cette heure-ci certaines peintures ronflaient, et bruyamment même. Les chandelles étaient néanmoins encore allumées. A vrai dire, il parlait plus pour lui-même car ses vacances, même si elles avaient été assez géniale, et mémorables, il ne s'était pas toujours reposé, au contraire. Et avec son profil de Préfet-en-Chef, il ne risquait pas de rattraper son sommeil.

Gregory soupira à la réponse de la jeune femme. Visiblement elle était dans la même situation que lui, enfin à quelque détail près certainement. D'un révère de main le garçon essuya son oeil droit qui commençait à le picoter. Il n'était pas encore très tard mais il avait l'impression que son lit l'appelait déjà.

- Ne m'en parle pas, je crois qu'on à subit le même sort cet été. Inutile de t'embêter avec mes histoires si tu as déjà les tiennes.

Il avait répondu tout en haussant les sourcils de lassitude. Mais ça ne l'empêchait pas de sourire à son interlocutrice. Avec ses cheveux brillant et son visage attendrissant, elle lui donnait touours cette envie inexplicable de sourire. Il glissa une main habille dans la poche intérieure de sa veste pour en sortir sa montre à gousset. Il était 22h20.

- Hm, ça fait une demi-heure je dirais. Je pense que les premiers jours on a peu de chance de croiser un imprudent, tu ne crois pas ?

A vrai dire, les années précédentes, Gregory n'avait jamais eu à faire à un élève rebelle dès la semaine de la rentrée et il espérait que ça se vérifierait une fois de plus cette année. Il espérait en fait pouvoir passer une soirée plutôt agréable voire conviviale, puisqu'il n'était pas seul... Les prochaines fois il ne croiserait pas forcément sa collègue de ronde alors autant en profiter. Ainsi, même s'ils ne se reposeraient pas, il pourraient au moins s'amuser un peu. Après tout Poudlard n'était ni une pension, ni une prison ! En attendant la réponse d'Edelweiss, il s'adossa sur le mur de pierre froid du couloir mal éclairé. C'était un mur vide de tableau contrairement à celui qui lui faisait face.

La solitude n'avait jamais été un facteur d'ennui pour Gregory, bien qu'il aimait la compagnie de quelques bons amis pour rire et discuter. En fait, le fait d'être seul avait souvent été une source de réflexion très intense pour le jeune homme dont le cerveau était souvent en ébullition. Ce soir d'ailleurs, il avait beaucoup songé à son chartier et à la manière qu'il avait employé pendant un an pour lui apprendre à dire les mots les plus basiques et pourtant les plus polies dans la langue anglaise. Gregory se demandait souvent s'il s'y prenait de la meilleure façon qui soit pour éduquer sa créature au tempérament si particulier.

Mais ce soir il était plutôt content de retrouver un visage familier. Depuis la rentré il n'avait pas vraiment eu de conversation lui permettant de songer à autre chose qu'à la poursuite de sa carrière. La fin de ses études approchaient et il n'avait que cela en tête, surtout dans le contexte dans lequel le monde des sorciers se trouvait en ce moment. Il était d'autant plus content que ça camarade soit Edelweiss pour qui il avait toujours eu de la sympathie. Il lui sourit en se décollant du mur de manière plutôt vive.

- T'as raison, le sérieux c'est tout à fait toi ! répondit-il sur un ton volontairement ironique. Allons donc dans cette direction, je ne veux plus repasser devant la face de Gregory là...

Il avait ajouté cela en chuchotant, tout en s'approchant de l'oreille maintenant découverte de sa camarade. Il ne voulait pas que cette statut immonde l'entende et lui hurle dessus comme c'était déjà arrivé lors de sa seconde année. Effectivement Gregory avait été violemment poussé par un élève plus âgé dans cette statut qui s'était mise en colère presque aussitôt. En se redressant, Gregory regarda fixement celui qui portait le même non que lui, et plissa les yeux d'un air de défis.

- Je n'apprécie pas ce bougre. Sincèrement Edel', tu trouves qu'il me ressemble celui-là ?

Gregory avait demandé cela sans aucun sérieux mais attendait pourtant une réponse. Il se rappelait qu'on l'avait souvent comparé à ce monsieur au début de son parcours scolaire à Poudlard. Même s'il n'avait jamais pris ces moqueries au sérieux, il ne les avait pas oublié.

Il n'ajouta aucune remarque après l'humour bien placé de son amie. Effectivement, il avait tout simplement idiot de poser la question, mais il aimait bien être rassuré. Après tout, hormis sa mère qui s'en donnait à coeur joie mais dont l'objectivité ne valait rien, il était rare qu'on lui fasse des compliments sur son physique. Une petite réplique aussi insignifiante que celle d'Edelweiss suffisait à Gregory pour garder confiance en lui. C'est en s'égarant dans ce genre de pensées qu'il se perdit sur un autre sujet. En avançant dans le couloir aux côtés de la jeune femme, il ne pu s'empêcher de la regarder d'un air soupçonneux comme si elle lui cachait quelque chose d'important. En fait, il se souvenait que la Poufsouffle et un certain Noah Jensen, si sa mémoire était bonne, flirtait ensemble depuis un moment, peut-être même depuis qu'il la connaissait voire avant. Jamais il n'avait pourtant su si leur relation était passée de séduction à sentiments amoureux. En son fort intérieur, quand Edelweiss lui avait expliquer la nuance qui faisait de leurs rapports une sorte de jeu, Gregory n'avait pas bien compris comment il faisaient pour se tourner autour aussi longtemps sans jamais flancher. Et à quoi à bon ?! Que cherchaient-ils à se prouver finalement ?

- Dis-moi, tu as revu Mister Jensen cet été alors ?

Demanda Gregory, un sourire bêta sur les lèvres. Il adorait la taquiner avec cette histoire car il avait toujours songé que l'un des deux, si ce n'était les deux, avait sûrement déjà craqué et brisé leur petit jeu de séduction sans rien oser avouer. Il espérait être le premier à obtenir les avoeux de l'un d'eux, même s'il ne côtoyait pas du tout Noah.

- Si ce n'est pas le cas, je suis sûr qu'il a tout fait pour te tomber dessus dès le premier jour de la rentrée, n'est-ce pas ? avait-il ajouté avec un regard plein de malice en virant à droit au bout du couloir.

Effectivement, Gregory était curieux, c'était même l'un des principaux traits de sa personnalité. Il était curieux dans tout ce que cela impliquait : la curiosité intellectuelle, la soif de connaitre, mais aussi la curiosité indiscrète et mal placée, ce qui pouvait lui jouer des tours par moment. Visiblement cette fois, il avait été indiscret, mais rien de bien grave selon lui. Il haussa les sourcils au moment ou Edelweiss ajouta : "On pourrait croire que tout le monde au château sait qu'il me drague !" car à lui il lui paraissait évident qu'un bon nombre d'élève connaissait la nature de leur relation et les intentions de Noah Jensen. En même temps, et Gregory le pensait depuis le début, il n'état pas difficile d'analyser ce Jensen. Il suffisait de l'observer un peu et l'on devinait tout de suite de quel phénomène il s'agissait. C'est sans doute suite à cette analyse, bien que superficielle, que Gregory n'avait jamais eu envie de côtoyer ce Serpentard. D'ailleurs les propos de son amie de Poufsouffle lui confirmait ses estimations concernant ce garçon. Il était un simple coureur de robe* et ça paraissait évident. Il aurait bien insisté sur le fait que tout le monde savait pour elle et Jensen, mais il n'était pas près à voir la déception sur le visage de la belle.

- Oui tu as raison, la tornade remplie de belles paroles ne va pas tarder. Je crois qu'il sera là en cours de potion. C'est pour bientôt.

Il avait répondu d'un air détaché, les yeux rivés sur ses chaussures noires qui étaient tantôt à découvert, tantôt recouvertes par sa longue robe de sorcier. A vrai dire il avait dit ça pour la taquiner encore davantage. Il imaginait très bien leur rencontre pour cette nouvelle année : Edelweiss qui rentre en classe et qui soupire de soulagement en voyant que ce cher Noah n'est pas là. Et puis quelques minutes plus tard, le voilà qui arrive et se place comme par enchantement juste à côté d'elle pour pouvoir bavarder. Oui, c'était tout à fait probable. D'un coup, la jeune femme lui renvoya l'appareil en lui reposant la question. Il se sentit comme dépourvu de tout humour, un peu perdu dans ses mots. Lui ? Des vues sur une fille ? Bien sûr, il y en avait une mais il n'en parlait jamais. Il se sentait trop bête pour avouer qu'il avait flashé sur la fille qui lui paraissait la plus inaccessible et que cela durait depuis quatre ans.

- Moi ? Euh... Ouhla tu me poses une de ces questions. Il se racla la gorge pour faire diversion, mais il fallait qu'il se dépêtre de cette question et vite. Tu sais bien que je passe trop de temps à travailler pour lever les yeux sur les filles que je croise.

Un sourire éphémère s'afficha sur ses lèvres lorsqu'il lança un regard fuyard à son amie. Il enfourna ses deux mains dans ses poches comme il avait l'habitude de faire. Après tout, c'était vrai. Il ne passa pas son temps à regarder les demoiselle et encore moins à tenter quelque chose pour en approcher une. Faut dire que ça n'était pas sa spécialité. Il ne manquait pourtant pas de confiance en lui, mais une fille qui lui plaisait le mettait souvent mal à l'aise. Sans compter qu'il y avait cette fille qu'il avait toujours dans un coin de sa tête et qui l'empêchait de songer à l'oublier pour une autre.

Elle insistait, et il l'avait prévu. Il percevait même dans le ton de la voix de son amie une certaine joie. Il n'avait jamais osé lui parler de ce petit secret qu'il gardait pour lui. Il préférait ne pas l'ébruiter parce qu'il se trouvait ridicule, mais c'est vrai que plus d'une fois il avait songé à l'avouer à Edelweiss. C'était une personne compréhensive, et elle saurait certainement comment accueillir la nouvelle. Cependant, Gregory en venait toujours au même point : cette sorte de honte intérieur. Il n'assumait pas ses sentiments. Au fond de lui il avait toujours eu peur de se dévoiler, comme si c'était se rendre faible à la vue des autres. Sans compter qu'il avait espéré à plusieurs reprises que le temps lui ferait oublier la belle de ses rêves. Mais ça ce n'était qu'une belle utopie.

Sa camarade se dressa devant lui d'un seul coup, ce qui le força à s'arrêter dans sa marche. Les escaliers pour monter d'un étage n'étaient plus très loin, mais voilà, elle le contraignait à parler. Il croisa alors les bras, maintenant qu'elle le regardait. Il lui renvoyait même son regard d'un air de défis.  

- Ecoute Edel... Je suis pas prêt à dire ce genre de chose. D'accord tu as raison, il y a bel et bien une fille. Mais rien de concret.

Il haussa les épaule, parce qu'il regrettait que ce ne soit "rien de concret" justement. Pendant que lui s'imaginait des choses, se faisaient des films idylliques, la jeune femme en question ignorait tout, et peut-être même qu'elle ne prêtait pas vraiment attention à lui. L'avait-elle déjà remarqué ?

- J'aurais aimé te dire que la fille c'est toi, parce que c'est vrai, tu es belle, intelligente, drôle et puis imprévisible... Mais, désolé, je ne te ferais pas ce plaisir.

Il se mit à rire en s'écartant d'un pas en arrière par précaution. A vrai dire, Gregory appréciait énormément Edelweiss, depuis le début. Mais avant de voir en elle une belle sorcière il avait décelé en elle une bonne personne, et une amie fidèle. C'est comme ça que s'était construite leur amitié. Sinon il était à peu près sûr qu'il aurait rêvé d'elle la nuit.

Gregory avait cette impression étrange que plus ils avançaient des les couloirs et plus sa vision s'assombrissait. A cette heure-ci, ils ne voyait pas à plus de quatre mètres devant eux. Les lanternes s'étaient magiquement enflammées vers 21h00, ce qui avait dû agacer quelques personnages de peintures. D'ailleurs, le brun aimait bien cette sensation de chaleur que le procurait le fait de passer tout près de ces lanternes. C'était presque comme retrouver la cheminée de sa Salle Commune qui est allumée en hiver.
Edelweiss eut un petit temps de réflexion pour lui répondre. Et il la regardait en attendant qu'elle crache le morceau. C'est justement après sa réponse négative qu'il eu envie de laisser tomber le sujet. Si elle n'était pas au courant, peut-être valait-il mieux la laisser dans l'ignorance, par respect pour cette femme nouvellement nommée bibliothécaire. Enfin... après tout Edelweiss était son amie.

- Oh rien ne me préoccupe. C'est juste que... figure-toi que c'est une ancienne élève de Poudlard. Elle a quelques années de plus que nous. En fait, il se trouve même qu'on l'a croisé au château quand nous étions encore jeunes et innocents.

Il sourit en ajoutant cette précision. Pour sa part il avait vraiment été jeune et innocent et d'un certain sens c'était toujours le cas. Il n'aurait pas osé demander à Edelweiss si c'était le cas pour elle. *Ce serait à la limite de l’indécence* pensa-t-il. En vérité, cette bibliothécaire lui trottait dans la tête depuis qu'il l'avait rencontré le deuxième jour de la rentrée. Mais il ne savait pas vraiment dire pour qu'elle raison.

- Peut-être que si je te la décris ça te reviendra. Elle est rousse, mais plus dans les tons rougeâtre que toi, elle est de taille moyenne, et elle était à Serdaigle. Je dirais qu'elle à 20 ans.

Vu l'expression qu'on pouvait voir sur le visage d'Edelweiss, Gregory devinait que sa description courte et superficielle ne l'aidait pas vraiment. Et sa réponse le lui confirma. Après tout, lui non plus ne l'avait pas reconnu. Il avait même l'impression de ne jamais l'avoir vu. Pourtant il l'avait forcément croisé ! Et un visage pareil, Gregory l'aurait forcément retenu... C'est peut-être ce mystère qui le rendait si attentif à cette histoire. Il haussa les sourcils à la quesiton de sa camarades.

- Evidemment que non. Je ne me voyais pas lui poser des questions personnelles alors que je suis élève, que je suis donc hiérarchiquement soumis à une certaine forme de respect à avoir envers elle et qu'en plus je l'ai à peine vu...

Ca ça n'était pas tout à fait vrai. Gregory avait bien passé une demi-heure avec Emily Atkins. Il l'avait aidé à trouver les cachots juste par générosité et par gentillesse. Il aurait pu lu poser la question c'est vrai, mais il n'était certainement pas aussi culotté qu'Edelweiss qui n'avait pas sa langue dans sa poche. Le garçon sourit lorsqu'il vit la Poufsouffle bayer. Il l'aurait suivit s'il l'avait fixé mais il avait volontairement tourné la tête. Le visage d'une homme peint fermait les yeux. Il dormait peut-être.

- Sincèrement, j'espère qu'elles le seront... Même si pour l'instant, c'est pas gagné, je sais. Au fait, un conseil pour la prochaine fois, une petite musique t'aidera à dormir sans que tu sois perturbée de toute la nuit. Par contre n'oubli pas de mettre un réveil sinon tu risques de louper tous tes cours.

Il rit gentiment en imaginant Edelweiss, les cheveux en pétard, poussant la porte de la salle de potion et se prenant une réflexion pour le moins amusante de madame Blake.

Gregory sorti sa montre à gousset de sa poche intérieure supérieure et pu lire l'heure. Effectivement, le temps passait de manière hétérogène et maintenant il pouvait espérer être dans son lit dans une vingtaine de minutes à peu près. Edelweiss en profitait pour lui poser une question bien plus sérieuse. C'était le genre de sujet qui avait tendance à stresser la plupart des élèves. Gregory n'était pas spécialement stressé, simplement perdu dans les possibilités qui s'offrait à lui, ses envies et ce dont le monde magique avait besoin selon lui. Au lieu de laisser glisser sa main sur la pierre froide des murs du château, Gregory passa sa main dans sa nuque refroidie.

- J'ai envie de gagner les rangs des employés du Minsitère. Je suis à peu près sûr d'y arriver. Même si je sais que je commencerais par faire le larbin au service des responsables de services...

Gregory haussa les épaules. En fait il s'était longtemps vu sortir de Poudlard pour devenir stagiaire au Département de contrôle et de régulation des créatures magiques, département dont il aimerait pouvoir changer l'appellation. Après tout, les créatures n'étaient pas toutes potentiellement dangereuses. Les contrôler n'était pas nécessaire.

- Et toi ? Je crois savoir que tu t'es faites embauchée au Trois Balais, ça te plait ?

Le brun n'était pas un habitué de ce bar, même s'il le connaissait tout de même. Il passait plus de temps chez l'apothicaire et surtout chez les libraires. Quand il voulait se trouver un endroit sympathique pour lire en paix, il préférait aller à la bibliothèque qu'au bar.

Gregory concevait totalement le fait que bien des élèves, et même des élèves de septième année, ne savaient pas encore ce qu'ils comptaient faire de leur vie professionnelle. Après tout c'était une question assez cruciale mais elle ne prenait pas la même place dans la vie pour tout le monde. Et puis parfois on a des ambitions, des envies, ou ne serait-ce que des idées, qui ne sont pas compatibles avec nos possibilités ou opportunités. C'était ça la vie : une complexité gigantesque. C'est tout naturellement qu'Edelweiss hésitait encore. Mais elle avait déjà acquis une sorte d'indépendance que Gregory enviait. C'est vrai, elle s'arrachait pour gagner un peu d'argent, c'était une belle démonstration de courage. Mais ce qu'il retint surtout c'était son envie définitive de devenir Animagus !

- Ah oui ? Animagus ? Je ne crois pas que tu m'en ais déjà parlé. C'est formidable, enfin je veux dire, c'est vraiment... brave, surtout avec tout ce qui se passe en ce moment.

Il avait dit cela avec un grande sincérité, et même une sorte de fierté qu'il ressentait vis-à-vis de son amie. Etre un Animagus c'était vraiment très tentant, serviable et démentiel c'est vrai. Mais c'était aussi très dangereux, surtout depuis les actes discriminants des Augures et des groupes anti créatures et hybrides. A l'intersection du couloir, Gregory suivit sa camarade dans réfléchir. Il jeta un oeil au nouveau couloir dans lequel ils entraient, jusqu'au bout. Il n'y avait personne et s'en était presque désolant.

- En tout cas j'imagine que te ne deviendras pas gardienne de prison ou concierge à poudlard.

Il explosa de rire. C'est vrai que fouiller les couloirs de l'école de fond en comble était vite lassant.