Bureau

5/11/2025
vers 16h30
avec Melinda Austin

L'annonce a fait grand mal à l'établissement, Leodagan le sait, mais il ne se laissera pas corrompre ni submergé. Il a déjà commencé à faire face aux problèmes, les réglant les uns après les autres avec son habituel droiture. C'est assis à son bureau qu'il attend son prochain rendez-vous : Melinda Austin, une élève de la maison Serdaigle. Conscient de ne pas avoir donner la moindre explication dans son courrier à l'adolescente, il a bon espoir qu'elle sera suffisamment sage pour respecter la demande. Si il la convoque en ce jour, ce n'est pas sans raison, ni même pour tailler le bout de gras. En cela, il aurait déjà suffisamment à faire et plus intéressant qu'une élève pour discuter.

Les meubles du bureau et du salon sont sombres, pour le pas dire noirs, ce qui donne une ambiance un peu lugubre à l'endroit. Derrière le bureau trônent trois tableaux auxquels Mr McCormack tient personnellement, à savoir celui d'Albus Dumbledore, entouré de celui de Severus Rogue et de Minerva McGonagall. A ses yeux, ils ont été les meilleurs directeurs du château. Il attend patiemment, l'heure avance et il sera bientôt l'heure

" Morsure de Botruc, morsure de Botruc... "

Mel se répétait inlassablement le mot de passe tout en se dirigeant vers la tour de la direction, davantage pour canaliser ses pensées déferlantes que par peur de l'oublier. La lettre de McCormack se trouvait toujours dans sa poche, au cas où.
Avec l'habitude, la jeune fille avait acquis une certaine maîtrise dans la mise à distance de ses émotions. Du moins, elle parvenait facilement à les placer en arrière-plan pour éviter qu'elles interfèrent avec ses réflexions. Mais cette fois, cependant, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir nerveuse, car la situation était inédite. Elle s'était déjà fait remonter les bretelles à plusieurs reprises par l'ancien directeur de Serdaigle et avait connu quelques entretiens désagréables avec certains professeurs qui avaient désormais quitté l'établissement, à une époque où elle était à la dérive et se retranchait derrière une attitude difficile à gérer.
Or, et ce depuis le début de l'année, il ne lui semblait pas avoir commis quelque faute grave méritant une convocation dans le bureau du directeur. Mis à part un petit somme en classe et un cours séché à la rentrée, pour une fois, elle ne voyait pas clairement ce que l'on pouvait lui reprocher. McCormack n'avait précisé aucun motif dans sa lettre. C'était à Mel de tenter quelques déductions afin de se préparer le mieux possible à cette rencontre. D'après ce qu'elle avait entendu dire, il ne s'agissait pas d'un homme très commode, et ce n'était pas bon signe de se retrouver devant la porte de son bureau.
Seize heures vingt-sept. Mel pressa le pas. Sa seule intuition portait sur le débat actuel et particulièrement tendu concernant les hybrides. Elle pensa à Miss Corvinus, qui avait fini par annoncer elle-même sa condition de semi-vampire. Mel avait d'ailleurs osé l'accuser directement pendant son cours, mais avec respect, et uniquement parce que la professeure avait encouragé les élèves à émettre leurs suppositions.
Seize heures vingt-huit. La jeune fille était arrivée devant la gargouille qui gardait l'accès au bureau du directeur. La figure monstrueuse de la statue ne dégageait rien d'accueillant. Toutefois, Mel prononça le mot de passe d'une voix assurée et la créature de pierre s'écarta, tandis que le mur situé derrière elle se sépara, révélant un petit escalier en colimaçon. A peine avait-elle posé le pied sur la première marche que le mur se referma et l'escalier s'éleva par magie.
Seize heures vingt-neuf. Mel se retrouva devant une porte de chêne imposante. Prenant une légère inspiration, elle frappa contre le panneau et une voix rauque et sonore l'invita à entrer. L'espace d'une seconde, elle se demanda dans quel état psychologique elle allait ressortir; enfin, elle entra dans la pièce tandis que la porte se refermait toute seule derrière elle.

- Bonjour, monsieur le directeur, dit-elle sobrement.

L'endroit était sombre et sinistre, mais la jeune fille ne laissa rien paraître de son appréhension. L'homme assis derrière le bureau du directeur était un véritable colosse avec un regard sombre et des cheveux broussailleux. Mel leva alors les yeux vers le visage du professeur Dumbledore dont le portrait, situé derrière Leodagan McCormack, lui adressa un sourire rassurant.

* Knock Knock *

- Entrez! lance-t-il d'une voix rauque et intelligible.

La jeune Serdaigle qu'il attend entre en silence, la porte se refermant derrière elle. Elle le salue avec politesse et solennité. C'est parfait. Il est vrai que l'air bougon du directeur en poste depuis déjà quatre ans, le précède et a une fâcheuse tendance à faire régner l'inquiétude avant toute autre émotion. Leodagan reste assis, et d'un geste de la main invite l'adolescente à s'asseoir. Une fois assise, il commence enfin à parler, les lèvres légèrement pincées d'agacement:

- Mademoiselle Austin, vous n'êtes pas sans connaître les dernières nouvelles, vous étiez d'ailleurs dans le cours de Miss Corvinus lorsqu'elle a décidé d'énoncer son statut du sang publiquement. Il fallait se douter que cela ferait des émules et vous avez très certainement remarquer qu'il y a deux jours, à la rentrée donc, quelques élèves manquaient à l'appel!

Il attend quelques secondes que la jeune fille réagisse, prend un verre à Wisky en cristal, sert un peu de jus de Pamplemousse pour lui, puis un deuxième pour la jeune fille qu'il ne remplit pas:

- Jus de citrouille, pamplemousse ou melon?

Lorsqu'elle eut répondu, il reprend:

- Je connais votre passé un peu houleux parmi nous Mademoiselle Austin, mais le passé doit resté passé, j'ai pu aussi constater vos efforts cette année, je vous ai bien trop vu dans ce bureau dans les mauvaises circonstances. Aussi, votre camarade, préfète de votre maison, a été rappelée par ses parents et changée d'établissement et le poste est à pourvoir. Je vais peut-être vous surprendre en vous disant que vous êtes parmi les plus qualifiées pour la remplacer. Le tout étant de savoir si le poste de préfète ET toutes les responsabilités qui vont avec vous intéressent. Bien sûr vous êtes en droit de refuser, je pourrais comprendre!

Il se tait soudain. Il a tout dit pense-t-il. Il n'a rien à ajouter. La jeune fille, qui a bien écouté jusqu'à maintenant, semble réfléchir un instant. Mais Leodagan ne s'impatiente pas, ce n'est pas une décision que l'on prend à la légère, il en est bien conscient. C'est une prise de responsabilité, il est question de montrer l'exemple aussi. Il joint ses mains, entrelaçant ses doigts et attend.

Mel s'avança vers la chaise que le directeur lui désignait et s'y assit tranquillement. Elle restait droite et stoïque tandis qu'il parlait, mais ne put retenir une légère grimace en entendant ses paroles, car elles correspondaient tout à fait à ce qu'elle avait imaginé: la révélation du professeur Corvinus, le retentissement de la nouvelle à travers le château, et par conséquent les départs d'élèves.

- Qu'est-ce que j'ai à voir avec tout ça, au juste ? dit-elle lentement avec un air méfiant.

McCormack, occupé à se verser religieusement un jus de pamplemousse dans un verre, ne réagit pas tout de suite.

- Jus de citrouille, pamplemousse ou melon ?

Un sourire amusé éclaira le visage fermé de la jeune fille. Le fait qu'il interrompe son exposé austère pour lui proposer quelque chose à boire suffit à calmer sa nervosité.

- Je prendrai un jus de citrouille, répondit-elle.

Une fois servie, Mel le remercia et il poursuivit ses propos. A l'évocation de ses précédentes mésaventures avec le réglement, la Serdaigle commença déjà à faire la sourde oreille; cependant, la discussion prit une tournure tout à fait inattendue lorsque le directeur admit ses progrès depuis le début de l'année.

- ... votre camarade, préfète de votre maison, a été rappelée par ses parents et changée d'établissement et le poste est à pourvoir.

* Et donc..? * pensa-t-elle, un sourcil levé, n'osant pas supposer l'impensable.

- Je vais peut-être vous surprendre en vous disant que vous êtes parmi les plus qualifiées pour la remplacer. Le tout étant de savoir si le poste de préfète ET toutes les responsabilités qui vont avec vous intéressent. Bien sûr vous êtes en droit de refuser, je pourrais comprendre !

Abasourdie, Mel resta silencieuse pendant quelques secondes. D'abord, elle se demanda si son cerveau n'avait pas planté en cours de route. Puis elle tenta de déceler dans l'expression sévère de McCormack quelque faille qui trahirait une mauvaise plaisanterie. Mais il n'en était rien. La proposition, aussi surréaliste qu'elle pouvait paraître, était parfaitement sérieuse. On lui offrait bel et bien à elle, Melinda Austin, une fille aux antipodes du modèle de l'élève exemplaire, de devenir préfète. Et s'il y avait bien une personne vraiment apte à assumer cette responsabilité, c'était Amy Marshall – alias Miss Parfaite. Elle aurait été nommée d'office si elle avait eu un an de plus.

- C'est une proposition très... surprenante, en effet. J'ai bien du mal à voir en quoi je pourrais correspondre aux exigences de ce poste. Mais si vous le dites...

La jeune fille but une gorgée de jus de citrouille et commença à examiner la question plus sérieusement. Accepter nécessiterait de renoncer à certaines habitudes – elle pouvait dire adieu aux balades nocturnes improvisées – mais d'un autre côté, cela l'obligerait elle-même à se discipliner. A devenir responsable – d'elle-même et des autres - au prix d'une part de sa liberté. Cela en valait-il la peine ? Mel pensa à la réaction de sa mère si elle apprenait une telle nouvelle. Elle serait certainement fière, et heureuse de la voir ainsi évoluer. Bien entendu, elle n'allait pas prendre sa décision dans le seul but d'impressionner, d'obtenir du respect ou de se sentir importante. Il fallait surtout réfléchir aux fameuses responsabilités qu'impliquaient ce poste. Mel prit alors conscience qu'elle était intéressée; or, lorsque la jeune fille était suffisamment investie dans quelque chose, elle pouvait devenir digne de confiance. Pourquoi faillerait-elle à ce "devoir" si elle était déterminée ?
Mel aurait pu demander davantage de temps pour réfléchir, quitte à donner sa réponse définitive après ce rendez-vous, mais elle était déjà fixée. Elle leva alors les yeux vers le directeur qui attendait patiemment l'issue de sa réflexion, et répondit avec simplicité et franchise.

- Je suis prête à assumer cette responsabilité.

La jeune fille semble un instant sceptique, puis après une réflexion de quelques minutes, confirme au directeur accepter le poste. Leodagan sourit franchement, ce qui est rare.

- Ravi de vous l'entendre dire!

Il se lève pour ranger une pile de papiers jaunis sur une commode un peu plus loin avant de revenir s'installer derrière son bureau massif, face à la jeune fille.

- J'ai conscience que la demande peut paraître étrange, et soudaine, et il est vrai que certaines personnes pourraient peut-être être plus apte, mais finalement, mon choix est judicieux, vous avez été de l'autre côté de la barrière, vous savez comment sont les jeunes et vous saurez garder à l'oeil les élèves selon vos critères peut-être plus justes que ceux d'un préfet n'ayant jamais enfreint le règlement en somme.

Il a conscience que cela pourrait être pris à double sens, soit l'on y voyait une opportunité saisie et intelligente, soit un choix par élimination. Et même si il avait un plan B en cas de refus, elle restait son choix premier. Il joint ses mains très sérieusement et reprend:

- J'espère que vous vous rendez compte de la responsabilité que cela représente, mais surtout de la confiance que je mets en vous. J'espère que mon choix aura été judicieux. Vous pouvez disposer Mademoiselle Austin, je m'occupe de l'annoncer à votre maison. Félicitations, vous êtes donc préfète des Serdaigles!


[FIN DE RP POUR LEODAGAN]

[L'Administration va te donner accès à la catégorie des dons et retraits de points dans la journée normalement]

Le directeur parut satisfait de sa réponse. Certes, on pouvait s'y attendre, mais à le voir sourire ainsi, il devait être sincèrement content. Il justifia ensuite son choix quelque peu insolite par des explications auxquelles Mel n'avait pas pensé et qui lui semblèrent pertinentes, quoique sa décision restait tout de même audacieuse. La jeune fille s'était toujours figurée le poste de préfet comme étant réservé d'emblée à des personnes comme Gregory ou Amy. Se considérant il y a encore peu de temps comme un cas désespéré, elle fut surprise et même rassurée de constater que McCormack, d'après ses dires, lui faisait confiance. Un peu déstabilisée, aussi. C'est pourquoi elle ne put s'empêcher une touche de sarcasme pour prendre de la distance par rapport à cette situation étonnante qu'elle peinait encore à réaliser.

- C'est vrai, vous prenez de grands risques avec une décision pareille.

Mel vida son verre puis, comme le directeur l'autorisait à partir, se leva finalement de sa chaise avec un certain soulagement. L'entretien n'avait pas été insupportable, bien au contraire, mais elle avait désormais besoin de s'isoler pour intégrer tout ce qu'elle venait d'entendre et s'assurer qu'elle n'avait pas été victime d'une hallucination ou quelque chose de ce genre.  

- Je tâcherais de ne pas vous décevoir, ajouta-t-elle avec un ton subtilement ironique, comme si elle avait conscience que ce ne serait pas une tâche aisée, tout en restant sincère. Merci monsieur, au revoir.

Mel quitta le bureau et l'escalier mouvant la ramena devant la statue de la gargouille. Elle eut alors l'impression d'avoir atterri dans un monde parallèle. Et pour une fois, cela pourrait presque être l'explication la plus logique à ses yeux tant elle avait du mal à réaliser que tout était bien réel. Il allait bien falloir qu'elle y parvienne, pourtant, car ses nouvelles responsabilités commençaient dès maintenant. La jeune fille prit le chemin de la salle commune, un sourire aux lèvres en imaginant la tête de Gregory lorsqu'il apprendrait la nouvelle.

Temperance Connelly pouvait être d'une patience à toute épreuve, ce qui lui avait grandement servit dans sa classe durant toutes ses années à enseigner, à Ilvermornie, l'école de magie Américaine. Et c'était ce qui lui servait aujourd'hui depuis qu'elle était rentrée au pays, dans son Irlande natale, alors qu'elle avait envoyé sa candidature à Poudlard il y avait de cela quatre mois. Oui, plus d'un trimestre que cette quadragénaire patientait qu'un poste de professeur ne se libère et qu'elle ne reçoive enfin le hiboux tant attendu du directeur de son ancien pensionnat. Bien sûr elle n'avait pas attendu bêtement sans rien faire pendant tout ce temps, occupée qu'elle était à essayer de revendre le manoir familial, sans grand succès pour le moment malheureusement. Ou alors à se tenir près pour une éventuelle missive positive et à préparer de possibles prochains cours de Métamorphose.

Enfin cette fameuse lettre était arrivée, et pour l'heure Madame Connelly s'était dignement apprêtée pour son entretien d'embauche tant attendu. Vêtue d'un tailleur rouge bordeaux dont la jupe arrivait raisonnablement aux genoux et la veste était ouverte sur un chemisier noir, l'ancienne Serdaigle vérifia l'heure sur sa montre de marque accrochée à son poignet. Quand elle vit qu'il était 16h55, elle jugea qu'il était temps d'attraper sa cape d'hiver pour la poser sur ses épaules et de rejoindre le hall du manoir. Faisant claquer ses escarpins noirs chic sur le marbre, Temperance s'approcha d'une imposante cheminée servant aux entrées et sorties des invités et attrapa une bonne poignée de poudre verte, dans un pot posé sur le montant de celle ci. Une baguette dans son autre main, la brune leva cette dernière et alluma un feu dans l'âtre d'un geste souple et assuré avant d'y jeter la poudre, faisant virer les flammes au vert émeraude. Après la poudre, ce fut elle même qu'elle plaça dans le feu, resserrant sa cape autour d'elle pour éviter les accidents d'accrochage durant le voyage.

- Bureau du directeur de Poudlard ! Annonça-t-elle d'une voix clair et distincte.

La minute suivante Temperance était dans le-dit bureau et, avec l'habitude durant ces dernières années, elle ne se retrouva pas au sol en atterrissant dans la pièce. D'un pas, elle sorti de la cheminée mise à sa disposition pour son arrivée, et épousseta rapidement la suie sur sa cape avant de se tourner vers son hôte avec un sourire polit.

- Monsieur McCormack je suppose ? Madame Connelly.. Commença-t-elle en jetant un oeil à sa montre avant de sourire de manière plus amusée et satisfaite. Et il est 17h pile.

L'homme se tient debout derrière son bureau, attendant d'un instant à l'autre la venue de la femme qu'il a contacté pour le poste du professeur Shawn, malheureusement hospitalisé d'urgence. Il est solennel, presque terrifiant avec son air imposant et sa fourrure sur les épaules. L'horloge sonne 17h et la voici, notifiant au passage sa ponctualité. Mr McCormack d'un signe de tête lui souhaite la bienvenue dans le plus grand des silences, et l'invite d'un geste de la main à s'installer en face de lui. Ce n'est que lorsqu'elle est installée qu'il s'installe à son tour et rompt le silence:

- Parfait, j'aime la ponctualité, c'est un point majeur dans le choix de nos candidats. Vous devez savoir pourquoi vous êtes ici, n'est-ce pas?

Il lui laissa un temps de réponse et reprit dans le calme le plus absolu:

- Le dernier mois nous fut bien difficile, un professeur tombé malade et un autre assassiné, nous n'entrerons pas dans les détails, vous convenez que le métier ne semble pas sans risque, même si nous travaillons sur la situation. [...] Madame Connelly, je fais appel à vous parce que le professeur de métamorphose n'est toujours pas remis, et ne semble pas prêt à remettre les pieds au château. Je passerai sur les détails de son état de santé qui ne regarde que lui, mais vous nous aviez répondu en Août lorsque nous avons passé une annonce de remplacement potentiel de professeur de métamorphose. Je vous propose, non pas un remplacement, mais un poste à part entière, et si possible donc, une place définitive parmi nous. Êtes-vous toujours intéressée par ce poste malgré les conditions de travail récemment mises à mal?

L'homme qui se tenait assit derrière son bureau semblait, aux yeux de Temperance, être le genre de personne qui savait asseoir son autorité et ne pas se laisser mener par le bout du nez par quelques turbulents. Elle ne l'avait jamais vu auparavant mais il lui plut immédiatement, pressentant d'avance qu'ils feraient du bon travail ensemble. Si d'aventure l'entretien débouchait sur une bonne nouvelle bien sûr. Invitée d'un signe de tête par le directeur, la brune s'assit en face de lui dans une posture droite et élégante, tout en acquiesçant quand elle entendit que la ponctualité était fort apprécié ici. Elle était du même avis concernant ses élèves et ses cours.

- Malheureusement oui, et je déplore d'avoir cet entretien dans de pareilles circonstances. Répondit-elle à la question de monsieur McCormack.

Un silence solennel se posa entre les deux personnes, mais il ne semblait déranger ni la sorcière ni le sorcier, au contraire. Parler pour ne rien dire n'était pas du gout de Temperance et elle avait bien sûr conscience que les temps étaient difficiles, d'après ce qu'elle avait put lire dans la Gazette du sorcier depuis son retour. Le directeur reprit la parole pour citer les deux incidents rapportés par le journal sorcier ces dernières semaines et entra dans le vif du sujet en parlant enfin de la raison de leur rencontre aujourd'hui. Bien que surprise par la proposition de monsieur McCormack, Temperance n'en montra rien et réfléchit posément une minute avant de donner une réponse. Joignant les mains, posées sur ses genoux, elle finit par se lancer :

- Et bien, je n'en attendais pas tant. Sourit-t-elle en coin avant de devenir plus sérieuse. Je ne suis pas sans savoir que le monde ne tourne plus rond, une fois de plus, et il est désolant de voir que même le métier d'enseignant est devenu à risque. D'après ce que j'ai appris depuis mon retour, cet été, ce sont surtout les êtres magiques qui sont ciblés et je ne me sent donc pas en danger personnellement. Mais, même si c'était le cas, ce n'est pas pour autant que je compte abandonner des personnes dans le besoin : j'entends par là aussi bien votre équipe pédagogique incomplète que les élèves qui sont censés assurer l'avenir de notre monde. Si je peux contribuer à éduquer et orienter de jeunes esprits, cela serait avec grand plaisir que j'accepte votre proposition.

Temperance avait enfin terminé son discourt qui, lui semblait-il, résumait bien le fond de sa pensée. Elle avait aussi ouïe dire que le professeur assassiné dans sa propre classe et devant ses élèves n'était pas la seule hybride de cette école et elle trouvait cela très intéressant que les mentalités s'ouvrent enfin sur la diversité. Elle aurait aimé que cela se fasse quelques années plus tôt, peut être que si cela avait été le cas le défunt professeur Lupin n'aurait pas démissionné à l'époque.

Très droite, la jeune femme reste aussi solennelle que le directeur, attitude qu'il apprécie fortement. De nature très stricte, peut-être même dans l'excès, il a été freiné par ses confrères et consœurs dans ses idéaux et son maintient du règlement, règlement qu'il avait voulu modifier mais s'en était retenu sous les bons conseils de certains comparses. Ils sont visiblement sur la même longueur d'onde, c'est un très bon point.

Il pince les lèvres comme il sait si bien faire, une vague grimace qui ressemble à la fois à un agacement et une presque satisfaction et redresse la tête plus droite encore:

- C'est une mentalité qui me plait fortement Madame Connelly, bienvenue au château. Afin que tout soit clair, nous sommes sur le qui vive, et très proche des élèves dû aux événements. Vous aurez la liste des élèves potentiellement traumatisés, à savoir ceux qui étaient présents lors du drame qui a touché Miss Ceraph. Il vous faut savoir aussi que notre bibliothécaire est une animagus, ainsi que la professeure de potions, Miss Atkins et Miss Blake, et notre professeur de défense, Miss Corvinus est une vampire. Du côté des élèves, nous avons deux métamorphomages, Miss Blake à Serpentard, et Miss Gryffin à Gryffondor qui à une soeur jumelle vert et argent, à ne pas confondre. Et dernière notification, nous avons une élèves possédant des appartements dans le chateau au septième étage, c'est une jeune fille de seize ans, en cinquième année qui vit ici avec son bébé né en fin scolaire dernière, Miss Andrews. Je pense avoir fait à peu près le tour des cas particuliers, mais concernant les élèves nous ne dévoilons pas leurs particularité, cela va sans dire. Et Miss Sherwood, à Serpentard est sous la tutelle de Miss Corvinus, si un problème se pose, contactez-la directement. Est-ce que tout vous parait clair? Avez-vous des questions?

Temperance était flattée d'entendre que sa façon de penser plaisait au directeur qui n'hésitait apparemment pas pour lui souhaiter tout de suite la bienvenue dans le château. Les choses viraient rapidement de l'entretien d'embauche aux premières consignes de prise de poste. Mais ce n'était pas pour déplaire à la brune qui, au contraire, n'aimait pas s'embarrasser de discutions inutiles ni de perte de temps. Si madame Connelly fait si bien l'affaire pour ce poste, alors pourquoi réfléchir plus longtemps et attendre un éventuel prochain courrier pour donner une réponse ? Monsieur McCormack et elle même semblaient avoir été fait dans le même moule et cela facilitait grandement la discussion. Discussion qui énumérait maintenant des cas particuliers dans cette école et qui étonna grandement la récente héritière, ne le montrant que par un léger haussement de sourcils. Beaucoup d'informations venaient d'être données mais Temperance ne se laissait pas facilement submerger en générale et elle sorti calmement, pendant le discours du directeur, un sac à main bien caché sous sa cape d'où en sortirent un carnet et un crayon. Elle entreprit de noter tous ces précieux détails dans le but de les ressortir au moment adéquat, tout en restant attentive :

* Une bibliothécaire et un professeur animagi, un autre professeur et une élève métamorphomage ... Et une jeune maman habitant ici avec son bébé. *

- Je dois avouer que cette diversité me plait, avec tout cela, vous me gâtez monsieur McCormack. Et j'espérer qu'après tant de personnes intéressantes, ma banalité ne gâchera pas le paysage. Souriait-elle de sa plaisanterie avant de retrouver son sérieux une fois de plus. La gazette m'a bien sûr fait part, d'une manière peu respectueuse, de la condition de vampire d'un de vos professeurs et je ferais mon possible pour préserver la vie privée de chacun sous votre toit.

Temperance fit une pause, dans un silence serein, dans le but de réfléchir aux éventuelles questions qui lui viendraient à l'esprit, comme venait de lui demander l'homme en fourrure assit face à elle. Quand elle eut trouver quoi demander ensuite, elle reprit la parole en tenant toujours son calepin et son crayon :

- Y a-t-il des élèves difficiles, à surveiller ou encadrer plus particulièrement ? En dehors du groupe traumatisé bien évidemment.

La professeure ne semble inquiéter de rien, parfait, une bonne chose. Leodagan ne quitte pas son regard de tout son discours. Elle semble ravit de la diversité, et elle a déjà entendu parler de Miss Corvinus, ce qui n'est en rien étonnant si l'on suit les journaux, même si certaines choses ont été délibérément tues. Il esquisse un vague sourire en coin quant à la remarque sur la banalité de la femme parmi tous ces cas "particuliers" puis elle termine sur une question tout à fait pertinente:

- Les élèves turbulents? Nous en gardons certains à l'oeil en effet, mais sur ce point, je tiens à ne citer personne avant que vous ne rencontriez les élèves. Laissons-leur une chance après tout. Mais en effet, comme tout établissement nous avons notre lot, et je pense que vous les remarquerez assez rapidement, du moins en cours cela vous semblera plutôt limpide selon mon propos. En ce qui concerne votre bureau, il se trouve au premier étage. Je vous invite à prendre contact avec les lieux et peut-être les quelques élèves restés au château en cette période de Noël, ainsi que vos collègues. Si le temps ne vous le permet pas, Mercredi soir nombreux devraient être élèves et professeurs pour la fête de fin d'année à Pré-au-lard, le moment peut-être idéal pour se fondre dans la masse et possiblement vous faire une idée de certains!

La réponse du directeur surprit Temperance sans qu'elle n'en laisse rien voir, mais en y réfléchissant cela était assez habile de ne rien lui dire précisément. Les préjugés n'étaient jamais bon et s'il y avait des turbulents dans sa classe elle les repérerait bien vite. Tout comme ils n'y resteraient pas longtemps. Soit, puisqu'ils venaient de faire le tour du point de vue des élèves, il ne restait à régler que la question des appartements et de son emménagement imminent. Mais avant que la sorcière n'ai pu ouvrir la bouche à propos de ce sujet là, monsieur McCormack enchaîna bien vite son discours sur ce point, énonçant au passage des festivités de noël. En entendant cela Temperance fut tellement ravie qu'elle s'autorisa cette fois à le montrer, esquissant un fin sourire sincère, car de sa vie elle n'avait jamais eut la chance d'assister à ce genre d'événement. Il y avait bien eut des réceptions organisés par ses parents dans le manoir familial quand elle était petite fille, mais elle y était toujours congédié par peur -selon eux- qu'elle ne les gâches. De même qu'elle aurait vivement souhaité à l'époque aller au fameux bal de noel du Tournoi des Trois Sorciers, mais encore fallait-t-il qu'elle soit scolarisée à Poudlard quelques années plus tôt. Et voilà que l'occasion se présentait enfin ! Temperance n'était depuis longtemps plus une jeune fille innocente et naïve mais elle voyait là une opportunité rare de réaliser un vieux rêve et elle n'allait pas se faire prier pour en profiter.

Mais pour l'heure il était question de son emménagement au château et si elle pouvait valider cette étape là rapidement, elle en serait fort soulagée. Car vivre dans un endroit que l'on appréciait guère et que l'on avait quitté depuis longtemps en de mauvais termes était très désagréable. Elle répondit donc en souriant poliment :

- Je serait enchantée de "me fondre dans la masse" monsieur McCormack, ainsi que de voir mes appartements. Pour des raisons personnels je souhaiterais d'ailleurs investir les lieux rapidement. Demain vous conviendrait-il ? Je n'ai que peu d'affaires et plus tôt serait le mieux en ce qui me concerne. Quand à cette fête de fin d'année ... Termina-t-elle sur un sourire un peu plus ouvert : vous m'envoyez ravie d'y être convié, voilà une belle façon de faire connaissance.

Répondant par la positive à ses remarques et propositions, Mr McCormack est satisfait. Enfin un professeur d'envergure, un peu à l'image de Miss Corvinus et Mr Wick, les plus sages du château. Il est vrai que cette année, le pari est risqué, de nombreux nouveaux professeurs, dont la moitié d'un âge très proche de celui des élèves, remonter la moyenne d'âge des professeur n'est peut-être pas une mauvaise idée, au contraire, cela permet certainement un certain maintien de l'ordre et tout simplement de l'équilibre des choses.

Miss Connelly demande alors les possibilités d'investir les lieux et des démarches en somme. Leodagan dans un sourire léger à peine retenu, se lève et d'un geste légèrement théâtral lui indique la cheminée:

- Quand bon vous semble Madame, ma cheminée vous est ouverte pour votre transport. Il vous suffit de me donner l'heure de votre venue et je tâcherai d'en ouvrir le passage pour que vous puissiez enfin redécouvrir le château et enfin votre bureau et vos appartements. Si vous souhaitez faire connaissance avec vos collègues, je pourrais vous introduire auprès d'eux, ici-même au château, ou bien lors de la fête de village, comme bon vous semblera!

Il tend une main vers elle baissant légèrement la tête dans une sorte de révérence polie afin de lui serrer la main:

- Je vous souhaite un très bon retour Madame Connelly!

[FIN mais nous pouvons continuer dans la découverte plus tard si tu le souhaites]